S’inspirer des échecs pour la retraite
Par le spécialiste de l’impôt et de la succession Doug Carroll, B.A.A., LL.B., LL.M. (fiscalité), CFP, TEP
La désaccumulation exige une stratégie dynamique
Avez-vous regardé la série Le jeu de la dame sur Netflix? Ce récit fictif, campé dans les années soixante, suit la vie d’une prodige qui bouleverse le monde des échecs. Non seulement cette histoire a fasciné des millions de téléspectateurs, mais elle a également fait bondir les ventes d’échiquiers et poussé plusieurs personnes, dont les membres de ma famille, à dépoussiérer le leur, oublié dans un placard depuis des années.
En ce qui me concerne, cela m’a fait réfléchir aux choix que nous faisons pour notre retraite. Comme pour les échecs, beaucoup d’éléments ont une incidence sur celle-ci. Nous pouvons bien sûr en maîtriser certains, mais d’autres échappent à notre contrôle. Dans les deux cas, il faut faire preuve de stratégie, de prévoyance et de souplesse.
La désaccumulation du point de vue fiscal
L’une des choses les plus importantes dont il faut tenir compte est la transition de l’accumulation à la désaccumulation de l’épargne, c’est-à-dire le moment auquel vous passez de la constitution de votre épargne-retraite à l’utilisation de celle-ci.
Pour les fins qui nous occupent, nous n’allons pas tenir compte du moment auquel l’on décide de toucher les prestations du Régime de pensions du Canada ou de la Sécurité de la vieillesse. Nous n’allons pas non plus aborder des questions complexes comme l’emménagement dans un logement plus petit, la vente d’un immeuble locatif ou la dissolution d’une entreprise.
Nous allons plutôt nous concentrer sur les trois sources d’épargne privées les plus courantes, à savoir le REER ou le FERR (y compris en version immobilisée), le CELI et les placements non enregistrés. Les prélèvements dans chacun de ces comptes sont, respectivement, imposables, non imposables et partiellement imposables.
Habituellement, les gens désirent conserver un certain style de vie tout en réduisant au minimum l’impôt sur le revenu auquel ils sont assujettis et, à cette fin, planifient en tenant compte de leur durée de vie, voire des conséquences fiscales de leur décès. D’une façon ou d’une autre, il leur faut déterminer la meilleure façon de puiser dans leur épargne pour atteindre leurs objectifs.
Planifier selon les permutations
Une désaccumulation efficace repose souvent sur la recherche d’un ordre optimal d’épuisement de chacune des sources d’épargne. C’est ainsi que s’y prennent les algorithmes des logiciels de planification financière pour établir des cibles comme la maximisation de la valeur nette en fonction de l’espérance de vie. Dans ce cas-ci, puisque nous avons trois sources d’épargne, le logiciel devra établir un classement en fonction de six permutations.
Mais il ne faudra pas tenir le classement obtenu comme définitif et ne plus s’en soucier, car si nous connaissons notre situation actuelle, nous ignorons ce que l’avenir nous réserve.
Revenons à l’exemple des échecs mentionné ci-dessus.
Le joueur qui a les blancs a 20 possibilités de déplacement, tout comme le joueur qui a les noirs. Cela signifie qu’il existe 400 possibilités de déplacement lorsque le joueur qui a les blancs est en train de réfléchir à son deuxième coup. Au troisième tour, le nombre de possibilités grimpe à 197 281 et deux tours plus tard, il bondit à 119 millions.
Aussi incroyable que cette augmentation exponentielle puisse paraître, elle semble bien ordinaire quand on la compare à nos années de retraite. La vie comporte bien plus de variables et bien plus d’actions pour chacune si bien que, par exemple, on pourra choisir de puiser de temps à autre dans plusieurs sources d’épargne afin de bénéficier d’avantages fiscaux plutôt que de liquider chaque source successivement.
Vision, révision et réévaluations annuelles
Tout comme les échecs, la planification financière requiert prévoyance, action, observation et adaptation. C’est ce que font les maîtres d’échecs : ils réfléchissent à l’avance à la façon dont ils déplaceront leurs pièces et adaptent continuellement leur stratégie à chaque tour.
De même, en ce qui concerne la retraite, il faut s’adapter à divers changements que l’on peut classer dans trois grandes catégories :
- la situation personnelle;
- les ressources disponibles, dans l’ensemble et selon leur répartition parmi différentes sources d’épargne;
- le monde dans lequel nous vivons, plus particulièrement en ce qui concerne l’évolution des règles fiscales.
Les plus récentes données et évolutions peuvent être saisis dans le logiciel de planification pour obtenir un point de départ à jour.
Ce qu’il faut surtout se rappeler ici, c’est qu’il s’agit d’un processus dynamique reposant essentiellement sur une réévaluation annuelle de votre portefeuille. À chaque tour, vous devez déterminer la meilleure approche à un moment bien précis, en sachant que vous devrez répéter l’opération année après année et en ayant la ferme intention de le faire.
Les renseignements de cet article proviennent de sources réputées fiables, mais leur précision ou intégralité n’est pas garantie. Ce matériel est fourni à des fins informatives et éducatives et ne vise pas à fournir des conseils précis, y compris, sans toutefois s’y limiter, sur les placements, les finances, les impôts ou d’autres sujets similaires.